jeudi 1 septembre 2016

L'hyperactivité chez le chien


Chez l’enfant, l’hyperactivité est un état d’activité constante et d’instabilité du comportement, s’accompagnant de difficultés d’attention et de retard.
Chez le chien, elle correspond à un animal dont l’activité est augmentée, désordonnée, accompagnée d’impulsivité, de réactions excessives à des évènements courants et de réactions agressives aussi.

De façon caricaturale, un chien hyperactif est un chien qui bouge tout le temps, réagit de manière démesurée et prend contact avec ses dents en « mordillant ».

C’est donc un chien qui épuise tout le monde!
Un chien « mal élevé » très fatiguant
Cette maladie s’appelle l’hyperactivité-hypersensibilité. Ce diagnostic est évoqué pour un chien âgé de plus de 2 mois qui n’a pas de contrôle de la mâchoire, c’est à dire qu’il mord à tort et à travers quel que soit ce qui l’entoure. C’est une erreur de dire qu’il « fait ses dents ». Il prend contact avec ses dents de façon inappropriée. Par conséquent, les propriétaires souffrent de morsures répétées sur les bras et les jambes, lors de tentatives de contact banales et quotidiennes comme les jeux.

« Sevré trop tôt » qu’est-ce c’est?
La cause majeure d’hyperactivité chez le chien est un défaut de maternage, un manque d’éducation habituellement effectué par la mère. L’on entend souvent que l’hyperactif est un individu qui a été « sevré trop tôt ». Il est plus juste de réserver le terme « sevrage » au passage de l’alimentation lactée à l’alimentation solide.


Dans le cas de l’hyperactif, il faut comprendre « séparé » trop tôt de sa mère (et non pas sevré trop tôt), c’est à dire que l’on n’a pas laissé à celle-ci le temps de faire correctement l’éducation de son chiot. Car c’est elle qui régule l’activité des chiots et leur apprend à ne pas sauter et à ne pas à mordre n’importe comment.
Un hyperactif dont la mère a été présente c’est possible

Le chiot doit passer a minima 8 semaines avec sa mère pour que son éducation soit efficace. Mais attention, mettre la mère avec les chiots seulement pour les tétées ne suffit pas. Si les chiots sont retenus dans un parc, la mère n’a pas besoin de les réprimander pour qu’ils se tiennent tranquilles, il lui suffit de sortir du parc et de les y laisser pour être tranquille.  Alors les chiots n’apprennent rien et ne se contrôlent pas.
Le résultat est le même si la mère est mauvaise en éducation, malade ou si c’est sa première portée, car être une bonne mère, ça s’apprend.

Un handicap lourd
Cette maladie comporte deux stades : Un premier stade d’agitation permanente, de mordillement et de réactions excessives. Et un deuxième stade, qui ajoute à ces symptômes une boulimie et une diminution du temps de sommeil, c’est un stade plus avancé, plus grave, encore plus difficile à gérer, de pronostic sombre.

Guérir un hyperactif est envisageable
Heureusement il est possible de faire disparaître ces troubles.

La prise en charge est différente selon le stade. Un pronostic plus sombre est attribué au boulimique qui dort peu et mord très souvent. Il est plus dangereux.

1.     Evaluer le risque

Il faut commencer par savoir à quoi l’on s’expose.
Le manque de contrôle moteur et de la mâchoire va de pair avec une certaine intolérance à la contrainte et à la frustration et de l’agressivité peut apparaître.  Plus le chien est grand, plus le danger l’est aussi ; les grands chiens qui vivent avec de jeunes enfants seront à surveiller de très près.

2.     Mettre en place des outils
Le mordillement étant dangereux en plus d’être douloureux, la muselière peut être une façon simple pour l’éviter. La muselière aura aussi l’avantage, en plus de protéger le propriétaire, de mettre en place petit à petit une tolérance à la contrainte. La contrainte ne doit pas être douloureuse (choisir une muselière adaptée à la taille du museau) et de préférence associée à un élément motivant (une récompense alimentaire par exemple).

Attacher le chien (de façon ponctuelle) dès qu’il est agité permet de rester hors d’atteinte et de lui faire comprendre que pour rester détaché il ne faut pas dépasser certaines limites.
3.     Mettre en place des techniques

La plus efficace et la plus connue dans ce cas est la thérapie « par le jeu contrôlé »
Elle consiste à pousser le chien à la faute, c’est à dire à être très actif pour ensuite arrêter le jeu dès que celui-ci dérape et que le chien devient incontrôlable.

4.     Quid des médicaments ?
L’hyperactivité est une maladie dont les symptômes peuvent être très invalidants pour l’animal, outre les nuisances causées au propriétaire. Lorsque c’est le cas, un apport médicamenteux (psychotrope) est une façon de limiter le mal être, l’irritabilité et d’éviter l’apparition des conflits.
Si l’atteinte est modérée, des régulateurs non médicamenteux peuvent favoriser l’apaisement (phytothérapie par exemple) et limiter l’irritation.

Dr Muriel Alnot-Perronin, vétérinaire comportementaliste

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire